Andrew Oakden
Spécial Stag
Deuxième fils d’un officier écossais, Thomas Bland Strange naît à Meerut, en Inde, le 15 septembre 1832 et fait ses études à l’Académie d’Édimbourg.
Ne pouvant, pour des raisons financières, suivre son frère à Sandhurst, le jeune Tom est accepté à l’Académie militaire royale de Woolwich. Ici, le talent et les performances sont plus importants que la bonne éducation. Diplômé à l’âge de 20 ans, il est enrôlé dans l’artillerie royale et affecté à Gibraltar.
Il consacre une grande partie de sa vie à son développement physique et intellectuel. Grand et imposant, doté d’un physique remarquable, d’une voix autoritaire et, pendant une grande partie de sa vie, d’une barbe abondante, il accorde une grande importance à l’endurcissement et au bien-être de ses troupes.
Promu lieutenant en novembre 1853, il est affecté à la Jamaïque, où il contracte la fièvre jaune. Transféré ensuite dans les accueillantes Bahamas, il s’emploie à améliorer les défenses de Nassau. En 1856, il reçoit l’ordre de se rendre en Crimée, mais avant qu’il n’atteigne l’Angleterre, la guerre est terminée.
Un an plus tard, il est envoyé en Inde pour aider à réprimer la mutinerie de l’armée du Bengale. Il fait rapidement preuve de l’audace et de la détermination qui le caractérisent ; il est cité à l’ordre du jour à quatre reprises.
Il reste au Pendjab où il se plaît à trouver de nouvelles façons d’entraîner ses soldats. Il n’est pas d’accord avec son supérieur au sujet de la solde de ses soldats et, bien qu’il obtienne finalement gain de cause sur le plan moral et juridique, il éprouve de plus en plus de difficultés à exercer ses fonctions.
Avant de rentrer en Angleterre en 1864 et alors qu’il se remettait d’une seconde poussée de fièvre, il entreprit un périple de six mois du Tibet au Cachemire, se délectant de cette épreuve physique.
Après avoir été promu capitaine et avoir servi brièvement en Irlande, il est nommé membre du personnel d’instruction à Woolwich. Chargé par la suite de former l’artillerie volontaire, il se heurte à nouveau au système, condamnant publiquement l’équipement inférieur aux normes. Il fait l’objet de mesures disciplinaires, ce qui précipite probablement son départ pour le Canada en 1872.
Il est nommé inspecteur de l’artillerie et des fournitures de guerre pour le Canada et prend le commandement de la Bty. Sa relève des troupes britanniques en partance est fidèle à ses habitudes ; sa manière directe et intransigeante cause quelques désagréments aux officiers en partance, mais elle permet à la garnison d’obtenir de l’équipement dont elle a grandement besoin.
Il est immédiatement accepté par les citoyens de Québec; sa maîtrise du français et sa participation aux activités sociales et sportives de la communauté lui valent leur respect et leur approbation.
Dans son rapport de 1873, il recommande la création de trois importantes institutions canadiennes: Le Collège militaire royal (CMR), l’Association de l’artillerie du Dominion et la Fabrique de cartouches du Dominion. Ces trois institutions existent encore aujourd’hui, sous des formes diverses.
Il recommande également que la défense de la côte ouest repose sur une brigade d’artillerie de garnison à quatre batteries; cette recommandation est également suivie d’effet.
Après huit années passées dans son Québec bien-aimé, le Lcol Strange a été muté à Kingston, en Ontario, où il est également devenu un membre éminent de la communauté. Puis, à l’âge de 51 ans et après avoir été promu colonel, il est informé qu’il sera forcé de prendre sa retraite avec le grade honorifique de major-général.
Son amertume face à cette retraite forcée s’atténue quelque peu lorsque ses Gunners, la première équipe canadienne à participer à la compétition de Shoeburyness, en Angleterre, reviennent au pays avec le prix du gouverneur général.
Le général Strange s’installe en Alberta, achète une grande parcelle de terre et y établit un ranch. Au printemps 1885, lors du déclenchement de la Rébellion du Nord-Ouest, Big Tom Strange, comme on l’appelle localement, est chargé d’organiser la défense du district de l’Alberta.
L’Alberta Field Force, composée de cow-boys, de la police montée et de trois bataillons de milice non éprouvés, s’acquitte bien de sa tâche, en particulier lors de l’engagement à Frenchman Butte.
Il retourne à son ranch et, alors qu’il travaille, reçoit un coup de pied de la part d’un cheval ; il ne se rétablit jamais complètement. Pour ajouter l’insulte à l’injure, il est informé par le ministère britannique de la Guerre que, puisqu’il a repris du service dans la milice canadienne, sa pension est supprimée.
Après une brève tentative avortée en politique, il vend le ranch et retourne en Angleterre. Il est resté actif jusqu’à sa mort à Camberly le 9 juillet 1925.
La contribution du général Strange est d’une ampleur épique. Au moment de sa retraite, le Mgén R.G.A. Luard, qui commandait la Milice, a noté que plus de 2 700 officiers et hommes avaient servi avec Tom Strange pendant la période où il commandait la Bie, et il l’a qualifié de « père de l’Artillerie du Canada. »
Voici une vue des deux médailles militaires du général Tom Strange, de l’avant à l’arrière, que le Musée de l’ARC a achetées lors d’une vente aux enchères tenue à Londres, au Royaume-Uni, en 2019. Les deux médailles sont ornées de la reine Victoria sur le devant. La médaille de la mutinerie indienne (à droite) a été décernée pour ses actions face aux rebelles à Lucknow. La médaille de la campagne du Nord-Ouest canadien de 1885 a été reçue suite au leadership du général Strange dans la défense de l’Alberta, lorsqu’il a formé l’Alberta Field Force à partir de « trois bataillons de milice très verts avec quelques policiers à cheval et cow-boys » lorsque le chef métis Louis Riel a mené un soulèvement au Manitoba et en Saskatchewan. Photos Jules Xavier/Shilo Stag
Portrait officiel du Mgén Tom Strange, avec ses deux médailles sur son uniforme.
Andrew Oakden, directeur du musée RCA, tient les deux médailles qu’il a réussi à acheter lorsqu’elles sont devenues disponibles lors d’une vente aux enchères à Londres, au Royaume-Uni, en 2019.
