

Jonathan Ferguson
Spécial Stag
Le Musée RCA est fier de présenter Au service de la paix: Les gardiens de la paix du Canada.
Cette exposition retrace l’histoire du maintien de la paix au Canada en racontant l’histoire de soldats individuels. Cette année marque à la fois le 75e anniversaire de la première opération de maintien de la paix des Nations unies et le 35e anniversaire du prix Nobel de la paix décerné aux soldats de la paix de l’ONU.
Pour de nombreux Canadiens, la crise de Suez de 1956 et la création de la Force d’urgence des Nations unies (FUNU) marquent le début des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Bien que la FUNU ait été la première mission de paix armée, les Nations unies avaient employé des observateurs militaires non armés pour surveiller les accords de paix depuis 1948.
La première mission de maintien de la paix des Nations unies a été l’Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), qui opère au Moyen-Orient depuis le 29 mai 1948 et continue de surveiller le cessez-le-feu en Israël et dans les territoires palestiniens.
Le Canada a commencé à participer à l’ONUST en février 1954, lorsque le Mgén E.L.M. « Tommy » Burns a pris le commandement des observateurs militaires des Nations Unies (OMNU), dont trois autres officiers canadiens.
Un petit nombre d’officiers canadiens continuent aujourd’hui de participer à l’ONUST dans le cadre de l’opération JADE, qui est le plus ancien engagement du Canada à l’étranger. Notre exposition Au service de la paix met en lumière deux artilleurs qui ont servi au sein de l’ONUST: Le Maj G.D. « Duff » Mitchell dans les années 1950 et le Lcol Jack Pleasance dans les années 1980.
Le major Mitchell de l’ARC a servi au sein de l’ONUST de 1957 jusqu’à ce qu’il se rende à Beyrouth en tant que cofondateur du Groupe d’observateurs des Nations unies au Liban (UNOGIL) en 1958. Une vitrine de l’exposition présente certains des objets personnels du major Mitchell datant de cette époque.
Il s’agit notamment de ses disques d’identité, de son journal, de ses rubans et badges, de souvenirs de Jérusalem et de Pétra, de photographies, de coupures de presse et de rapports officiels de l’ONU.
En tant qu’UNMO, le major Mitchell a participé à plusieurs enquêtes sur des violations de la trêve. Il s’agissait notamment de fusillades et d’intrus franchissant la ligne d’armistice.
Par exemple, le major Mitchell a passé une grande partie du 17 février 1958 à enquêter sur une fusillade survenue la veille, lorsque trois membres du personnel de sécurité israélien ont été blessés après avoir franchi la ligne de cessez-le-feu à Jérusalem. Comme il l’a noté dans son journal, il a néanmoins trouvé des occasions de se rencontrer:
« Réveillé par les appels du muezzin de la vieille ville [pour la prière] à 5 heures ? et j’ai eu du mal à dormir jusqu’à 7 h 30. Je me suis rendu à la MAC [Commission mixte d’armistice] pour trouver de l’excitation au sujet de la fusillade du Mont Scopus et j’ai donc reçu l’ordre de rejoindre Flint à l’hôpital Augusta Victoria. J’ai eu un problème de jeep à mi-chemin avec la jeep de Graftiaux, mais les relais radio par McGregor ont permis d’obtenir de l’aide du Govt Ho [siège du gouvernement]. Je suis resté assis sous un soleil de plomb à tenir un combiné de 10 h à 12 h, tandis que Flint et Connel couraient partout pour recueillir des témoignages.
« Encore des échanges de jeeps et finalement, nous nous rendons à G.H. pour déjeuner et nous prenons le courrier pour Gaza avec des cartes postales et une lettre énigmatique pour le pays. Retour au MAC avec Norstrom pour attendre les instructions. Il y a beaucoup d’agitation autour de Scopus et d’autres fusillades. Peut-être que l’union Jordanie-Irak a encore remué le couteau dans la plaie. Quoi qu’il en soit, les choses devenaient trop ennuyeuses ! Après le déjeuner à G.H., j’ai ramené Norstom et j’ai dû rester en attente tout l’après-midi. Je suis allé au Y[MCA] pour prendre une douche rafraîchissante et j’ai rencontré H. Sa-cher avec qui j’ai pris un verre au restaurant Shemesh. Plus tard, je suis allé chez Baxerres pour une fête. C’était très amusant et il a été un bon hôte en servant divers mets délicats et bien sûr du vin français. »
A d’autres moments, le major Mitchell occupait des postes d’observation solitaires pour rendre compte des actions des parties hostiles. Sa vie trépidante à Jérusalem contraste avec l’austérité, l’isolement et l’ennui d’un poste d’observation situé sur les hauteurs du Golan, séparant Israël de la Syrie. Dans son journal du 18 mars 1958, Mitchell écrit :
« Debout à 6 heures pour préparer les bagages en vue du départ à 7 h 30 pour le bureau de la MAC [Commission mixte d’armistice], Kuneitra [Syrie] et le poste d’observation Bravo. La route (piste accidentée) de la maison Bustams à l’OP est vraiment accidentée malgré les travaux d’amélioration. Il n’est pas étonnant que les UNMO aient embourbé ou renversé 5 Jeeps pendant l’hiver. Geo[rge] Chambers [US Marine Corps] (mon compagnon d’opération pour cette tournée) est en Syrie depuis 10 mois et a souffert des difficultés de croissance des opérations le long de la vallée Jordanie-Hula depuis août dernier. Ils ont vécu des moments difficiles avec des ruisseaux qui coulaient à travers les tentes et le vent qui faisait s’écrouler les tentes sur eux pendant la nuit. De nombreuses UNMO ont dormi dans les jeeps, l’endroit le plus sûr et le plus sec. Bravo est bien équipée avec une station radio à l’intérieur et une haute tour à l’extérieur. Geo[rge] est un assez bon cuisinier et avec NTR [rien à signaler], nous avons eu beaucoup trop à manger. La nuit, la ville de Dan [Israël] et les kibboutzim environnants illuminent toute la vallée, ce qui crée un contraste saisissant avec les montagnes sombres du Liban et de la Syrie, respectivement à l’ouest et à l’est. La nuit, des voitures de la police israélienne équipées de projecteurs patrouillaient dans les champs en contrebas du PO. »
À la retraite, le major Mitchell est l’auteur de RCHA – Right of the Line, une histoire de la Royal Canadian Horse Artillery, en 1986. Le musée de l’ARC a l’honneur de raconter l’histoire du maintien de la paix à travers les yeux d’artilleurs canadiens comme le major Mitchell dans l’exposition Au service de la paix : Les gardiens de la paix du Canada.
L’Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix compile des réflexions personnelles pour marquer le 75e anniversaire des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Visitez le site https://www.cpva.ca/ pour les lire ou contribuer à votre propre histoire.
Le véhicule de l’ONU du major Mitchell à l’hôtel HIAS House à Beersheba, dans le désert du Néguev, en Israël.
Le major Mitchell (à gauche) en tant qu’officier de l’ONUST, avec un officier de police jordanien (au centre) et un officier de cavalerie suédois (à droite).
Les effets personnels du major Mitchell dans l’exposition Au service de la paix, reflétant son passage à l’ONUST. Il s’agit notamment de son journal (en haut à gauche), de rapports officiels des Nations unies (en haut au centre), du manuscrit d’un poème (en haut à droite) et de ses photographies personnelles (en bas au centre).
