
Venessa Léger
Spécial Stag
En fouillant dans nos collections d’archives, le personnel du musée de l’ARC est tombé sur un artefact particulier datant de la Seconde Guerre mondiale: un livret d’information émis par l’armée britannique et remis aux soldats alliés en permission à Paris, en France.
Le tourisme était courant pendant les deux guerres mondiales, et le flux constant de soldats en permission facilitait cette industrie. Après la libération de Paris en août 1944, les troupes alliées ont remplacé les Allemands dans la ville et ont commencé à visiter la capitale de la France en tant que touristes.
Le document « Paris Leave », daté de novembre 1944 et signé par le brigadier Carthew-Yorston de l’état-major de l’armée britannique à Paris, contient de petites feuilles de papier jaunies et soigneusement pliées: un message de bienvenue, un avis important, des directives sur le Centre d’information des forces, des adresses d’auberges, de clubs et de restaurants à visiter, des informations sur le taux de change, ainsi qu’une carte de Paris.
Le dépliant oriente les soldats en visite vers les Instituts du Corps Expéditionnaire (EFI) et les établissements du Corps Expéditionnaire Américain (AEF). Ces instituts faisaient partie des NAAFI (Navy, Army and Air Force Institutes), conçus par les Britanniques après la Première Guerre mondiale pour fournir des services de restauration et de loisirs aux soldats. Ils comprenaient des magasins, des restaurants, des bars et des clubs.
L’armée canadienne interdisait aux soldats d’acheter de la nourriture dans des restaurants civils pendant leurs permissions, afin de conserver les bénéfices au sein de l’organisation. Les troupes bénéficiaient également d’un hébergement et de repas gratuits dans des auberges agréées, et le personnel des services alliés portant leur uniforme pouvait même entrer gratuitement dans les cinémas et les théâtres.
L’une des pages fournit les adresses d’un centre d’information des forces britanniques et canadiennes, une étape importante pour les soldats qui souhaitent obtenir des informations sur les activités touristiques à Paris, les services de train, d’autobus et de métro, ainsi que sur les nouvelles du front intérieur et du front de guerre.
La page « Changes » présente les taux de change des francs français contre les monnaies britanniques, belges, néerlandaises et allemandes. Pendant cette période, les payeurs rémunéraient les soldats canadiens en livres sterling converties en dollars canadiens.
Ce qui frappe le plus dans ce livret, c’est le ton ouvertement prudent du discours de bienvenue. Le message rappelle aux soldats qu’ils sont fiers de leur statut militaire et leur conseille d’agir en conséquence. La règle à laquelle ils doivent se conformer: « [e]njoy yourself to your heart’s content MAIS ne vous rendez pas offensant pour ceux qui vous entourent. »
Cela fait penser à un parent d’adolescent qui met en garde son jeune avant de sortir s’amuser. De même, la page intitulée « Avis important » met en garde les soldats contre la menace des maladies vénériennes, mieux connues aujourd’hui sous le nom d’infections sexuellement transmissibles (IST).
La notification déconseille vivement aux soldats de se rendre dans les maisons closes et les met en garde contre les risques de fréquenter des « amateurs enthousiastes qui accueillent les troupes de libération avec des faveurs spéciales. » Le message ajoute que « l’alcool rend les hommes sages et idiots » et qu’il faut faire attention à soi et à ses compagnons d’armes lorsqu’on est sous l’emprise de l’alcool.
Aujourd’hui, les soldats canadiens reçoivent certainement des informations lors de leurs déplacements, mais pas sous la même forme que le livret « Paris Leave ». Avec l’avènement d’Internet, il est beaucoup plus facile d’accéder à des informations touristiques et de voyage à jour.
Une chose reste cependant inchangée: la responsabilité inhérente aux soldats. Qu’il s’agisse d’un exercice à proximité, d’un exercice à l’étranger ou d’une permission, les cadres supérieurs informeront toujours leurs membres sur les choses à faire et à ne pas faire en matière de conduite des soldats.