Photo : SUPPLÉMENTAIRE : Ross Munro, correspondant de guerre de la Presse canadienne, dactylographie un article sur le terrain en Italie, août 1943 (Bibliothèque et Archives Canada).
Soumis par le Musée RCA, par : Johnathon Ferguson, publié pour la première fois dans Gunner 2021
Le 80e anniversaire du jour J est commémoré aujourd’hui dans le monde entier.
Le jour J, comme on l’appelle aujourd’hui, a rassemblé les troupes alliées avec des forces terrestres, aériennes et navales, dans le cadre de la plus grande invasion militaire amphibie de l’histoire. Cette opération a marqué le début de la libération de la France et de l’Europe occidentale au cours de la Seconde Guerre mondiale et a jeté les bases de la victoire des Alliés sur le front occidental.
Plus de 150 000 soldats ont débarqué ou ont été parachutés dans la région le jour J, dont 14 000 Canadiens. Plus de 10 000 victimes alliées ont été recensées, dont 4 1414 morts confirmés. Les pertes allemandes sont estimées entre 4 000 et 9 000.
Les Canadiens ont joué un rôle clé dans l’invasion alliée de la Normandie, sous le nom de code « Opération Overlord, » avec 359 morts le jour J.
Vous trouverez ci-dessous un article rédigé par Johnathon Ferguson et publié dans « The Gunner »:
En bref : Où les Canadiens ont-ils débarqué lors de l’invasion de la Normandie le 6 juin 1944 ?
La plupart des lecteurs de Barrage répondraient rapidement « Juno Beach », et beaucoup pourraient citer les autres plages où les forces britanniques (Gold et Sword) et américaines (Utah et Omaha) ont débarqué. Mais que se passerait-il si vous demandiez à un soldat canadien quelle était sa destination lorsqu’il a débarqué ce jour-là ? Il aurait peut-être donné une réponse parmi d’autres, mais probablement pas « Juno Beach. »
J’ai récemment lu Gauntlet to Overlord (1945) de Ross Munro, qui a été la première publication à donner une vue d’ensemble de l’armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale.
En tant que correspondant de guerre pour la Presse canadienne, Munro a débarqué à Bernières-sur-Mer le jour J avec le QG tactique de la 3e division d’infanterie canadienne. Son récit captivant et de première main de ce matin fatidique décrit l’endroit où chaque unité a débarqué par rapport aux villes et villages normands de la côte.
L’absence de référence à Juno Beach m’a frappé en lisant ce texte, mais j’ai supposé que c’était pour des raisons de sécurité opérationnelle. Munro était au courant des briefings de haut niveau et j’ai pensé que les noms de code des plages étaient secrets en 1945.
La première histoire officielle du rôle du Canada en Normandie a été publiée un an plus tard et n’a pas hésité à utiliser ces noms. En 1946, le colonel C. P. Stacey, directeur de la section historique de l’armée canadienne, publia Canada’s Battle in Normandy (La bataille du Canada en Normandie). Il s’agit de l’un des trois courts volumes décrivant la campagne d’Italie et les opérations canadiennes en Normandie.
décrivant la campagne d’Italie et les activités canadiennes au Royaume-Uni.
canadiennes au Royaume-Uni.
Dans cet ouvrage, Stacey décrit la zone de débarquement : Le secteur des Canadiens portait le nom de code général « Juno ». Ils devaient donner l’assaut sur deux plages connues sous le nom de ‘Mike’ et ‘Nan’, situées en face de l’embouchure de la rivière Seulles ». (p. 45).
Comme les plages britanniques et américaines, Mike et Nan ont été nommées d’après des lettres de l’alphabet phonétique. Aujourd’hui, on les appellerait les plages Mike et November.
Une carte à la page 42 de La bataille du Canada en Normandie montre les assauts de l’opération Neptune, comme on appelait la phase de débarquement de l’opération Overlord. Sur cette carte, l’objectif canadien est indiqué comme étant la zone Juno. Aux yeux de l’armée canadienne, Mike et Nan sont donc les plages, tandis que Juno est un « secteur » ou une « zone ».
Le colonel Stacey a ensuite publié un résumé officiel de la Seconde Guerre mondiale en un seul volume en 1948, intitulé The Canadian Army 1939-1945 (L’armée canadienne 1939-1945). Malgré le chapitre consacré à la planification et à l’exécution de l’opération Overlord (pp. 168-184), Stacey évite ici les noms de code et, comme Munro trois ans plus tôt, localise le terrain.
trois ans plus tôt, il situe les débarquements en se référant à des villes comme St Aubin-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer. Il en va de même pour la carte de la tête de pont de Normandie, en face de la page 194. Il n’y a aucune mention de Mike, Nan ou même Juno.
L’armée canadienne a rédigé une histoire officielle plus détaillée, en quatre volumes, de sa participation à la Seconde Guerre mondiale, les débarquements du jour J étant abordés dans le troisième volume, The Victory Campaign (1960), également écrit par le colonel Stacey.
Dans cet ouvrage, Stacey renverse la terminologie de 1946 : « … la
3e division d’infanterie canadienne […] devait lancer son assaut du jour J contre la plage « Juno », au centre du secteur attribué à la deuxième armée [britannique]. … L’attaque canadienne doit se faire sur un front de deux brigades, à travers les secteurs appelés Mike (à droite) et Nan (à gauche), y compris les villages de Courseulles-sur-Mer.
les villages de Courseulles-sur-Mer, Bernières-sur-Mer et les faubourgs ouest de Saint-Aubin-sur-Mer » (p. 76). En 1960, il semble que Juno soit devenue une plage, tandis que Mike et Nan étaient devenus des secteurs de la plage, inversant ainsi la terminologie précédente.
Stacey continue d’appeler Mike et Nan « secteurs » dans La campagne de la victoire, mais la situation devient plus compliquée.
mais la situation se complique lorsqu’on considère leurs subdivisions.
leurs subdivisions. Les planificateurs ont divisé Mike en deux parties (Green et Red)
et Nan en trois parties (verte, blanche et rouge). Ils ont choisi ces
couleurs parce qu’elles reflètent les feux directionnels d’un avion ou d’un bateau : le vert pour la droite, le blanc pour la gauche et le rouge pour la droite.
d’un avion ou d’un bateau : le vert pour la droite, le blanc pour le centre et le rouge pour la gauche. Stacey appelle également ces subdivisions des plages. Par exemple, il écrit que « le Royal Winnipeg Rifles … a débarqué sur les plages Mike Red et Mike Green … » (p. 102).
En revanche, la carte 2 de The Victory Campaign contredit le texte de Stacey.
Cette carte des actions canadiennes du jour J indique clairement que Mike et Nan sont des plages et que leurs subdivisions vertes, blanches et rouges sont des « secteurs Au total, la terminologie de cet ouvrage est désespérément confuse lorsqu’il s’agit de ces zones de débarquement : Juno est une plage, Mike et Nan sont des secteurs ou des plages, et leurs subdivisions colorées sont également des secteurs ou des plages.
Bien entendu, une plage peut s’étendre sur toute la longueur du littoral. Aujourd’hui, l’histoire et les commémorations du débarquement font toujours référence à l’objectif canadien comme étant la plage Juno, que ce terme ait été utilisé ou non en 1944. Il n’y a pas de « Centre du secteur Juno » à visiter, par exemple.
En fin de compte, que nous a apporté cette incursion dans les récits de première main et les histoires officielles ?
D’une part, elle nous avertit qu’il faut être prudent lorsque l’on travaille avec des sources différentes, car les termes peuvent changer au fil du temps, même pour un même auteur. Elle nous rappelle également que l’histoire est un processus de
négociation qui prend du temps, à mesure que la société et les historiens digèrent le présent dans le passé. Plus important encore, pour le soldat canadien en ce fidèle matin de juin 1944, le fait que son objectif soit appelé plage, secteur ou zone n’avait aucune importance pour la tâche à accomplir. Où se dirigeait-il ? J’aime à penser qu’il aurait répondu « Berlin! »
Photo : SUPPLÉMENTAIRE : Carte des assauts du jour J de la bataille du Canada en Normandie, montrant la « zone Juno » (Stacey 1946 : 42).
Photo fournie : Campagne de la victoire, montrant les plages Mike et Nan et leurs secteurs (Stacey 1960 : carte 2).