Histoire

Malgré leur engagement dans l’effort de guerre, les soldats noirs sont confrontés au racisme dans leur pays et à l’étranger

13 juillet 2023

Maj Melissa Marshall - Garrison Edmonton Warriors - 2022 Women's Slo-Pitch nationals
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Spécial Stag

Le 5 juillet 1916, le ministère de la Défense et de la Milice autorise la formation du 2e Bataillon de construction.

Il s’agit de la plus grande unité noire de l’histoire du Canada. Ses membres poursuivent la fière tradition de service au roi et au pays qui remonte à la Révolution américaine et se poursuit pendant la guerre de 1812 et les rébellions de 1837-1838 jusqu’au début de la Première Guerre mondiale.

Mais les obstacles étaient nombreux: Les soldats et les communautés noires étaient confrontés au racisme, tant dans leur pays qu’à l’étranger, malgré leur engagement dans l’effort de guerre.

En août 1914, plus de 10,000 hommes à travers le Canada se sont précipités dans leur centre de recrutement local pour s’enrôler dans la Première Guerre mondiale. De nombreux Noirs tentent de s’enrôler à leur tour, mais ils sont rejetés ; certains s’entendent dire qu’il s’agit d’une guerre de Blancs, tandis que d’autres apprennent que leurs services ne sont pas requis.

À la fin de l’année 1915, au moins 200 volontaires noirs ont été rejetés. Cette situation reflète le racisme qui règne au Canada à l’époque. De nombreux hommes blancs déclarent aux officiers recruteurs et aux commandants de bataillon qu’ils refusent de servir avec des Noirs.

Ces refus sont inacceptables pour les dirigeants des communautés noires du Canada. Ils écrivent au quartier général de la milice et au gouverneur général pour demander que les Canadiens noirs soient autorisés à s’enrôler. Ils s’interrogent également sur les raisons de ce refus.

Au même moment, les hauts responsables de la Milice à travers le Canada interrogent le quartier général de la Milice à Ottawa, demandant comment les hommes noirs peuvent être autorisés à s’enrôler. Ils sont eux aussi confrontés à la pression des chefs noirs et au refus de nombreux hommes blancs de servir avec des soldats noirs.

Un bataillon d’infanterie entièrement noir n’est pas envisageable. Il n’y a pas assez de Noirs au Canada pour constituer un tel bataillon et fournir des renforts face au nombre élevé de victimes au front. En outre, le ministère britannique de la Guerre refuse d’autoriser des unités noires à combattre sur le front occidental, car il craint que les unités d’infanterie noires n’utilisent leur entraînement et leur expérience contre les autorités britanniques dans les colonies.

En avril 1916, le chef de l’état-major général du quartier général de la milice trouve une solution. Il propose la création d’un bataillon de travailleurs noirs, la main-d’œuvre étant très rare et essentielle pour soutenir les campagnes. Les Britanniques approuvent l’idée en mai.

Le 2e Bataillon de construction est autorisé le 5 juillet 1916 sous le commandement du Lcol Daniel Sutherland, un entrepreneur ferroviaire bien connu de River John, en Nouvelle-Écosse.

Son quartier général est d’abord basé à Pictou, en Nouvelle-Écosse, mais il déménage à Truro en septembre. Un détachement opère à Windsor (Ontario) de septembre 1916 à mars 1917 pour les soldats recrutés en Ontario et dans l’Ouest canadien.

Le recrutement a commencé dans les Maritimes le 19 juillet, et au Québec et dans les régions de l’Ouest le 30 août. Le Bataillon est l’une des rares unités autorisées à recruter dans tout le pays.

À la fin de décembre 1916, il compte 575 soldats. Comme pour les autres bataillons, un grand nombre d’entre eux ont été libérés pour cause d’inaptitude médicale avant que le bataillon ne prenne la mer. Le nombre de soldats enrôlés est bon, mais insuffisant pour un bataillon.

Le 22 décembre 1916, le bataillon est informé qu’il doit se préparer à servir outre-mer. On a besoin de ses services de toute urgence. Une grande campagne de recrutement est lancée pour que le bataillon soit au complet.

Elle fut interrompue lorsque 250 hommes de Truro furent envoyés au Nouveau-Brunswick à la fin de janvier 1917 pour enlever les voies ferrées immédiatement nécessaires aux chemins de fer militaires en Belgique et en France.

Le 28 mars 1917, le No. 2 Construction Battalion quitte Halifax à bord du SS Southland. Il arrive à Liverpool le 7 avril. Le bataillon compte 19 officiers et 595 hommes, ce qui est loin des 1 049 officiers et hommes requis pour un bataillon.

Parmi les officiers, un seul, le révérend William Andrew White, était noir ; il y avait sept soldats non noirs parmi les troupes. Parmi eux se trouvaient les deux postes de sous-officiers les plus élevés de l’unité : le sergent-major régimentaire (SMR) et le sergent quartier-maître régimentaire (SQR).

En Angleterre, le ministère de la Guerre ne permet pas au bataillon de partir en France avec si peu d’hommes. La solution consiste à reformer le bataillon en une compagnie de travail de 500 officiers et hommes, rebaptisée No. 2 Canadian Construction Company. Le reste du bataillon reste en Angleterre pour servir de renfort.

Le Corps forestier canadien a un besoin urgent de main-d’œuvre pour soutenir ses opérations forestières dans le Jura, dans le sud-est de la France. La Compagnie de construction canadienne no 2 y arriva tôt le 21 mai 1917 et commença immédiatement ses opérations.

La Compagnie de construction no 2 a effectué un grand nombre de tâches de soutien. Elle a notamment amélioré les chemins forestiers existants dans la forêt de La Joux et participé à la construction d’un chemin de fer forestier. La compagnie exploite et entretient également le système d’approvisionnement en eau de tous les camps, ainsi que le système électrique lorsqu’il est mis en service.

En outre, ils transportent les produits finis du bois jusqu’à la gare, où ils les chargent dans les wagons. En effectuant ces tâches, les bûcherons des compagnies du Forestry Corps étaient libérés pour couper et usiner les arbres. La compagnie de construction no 2 participait également à toutes les phases du processus d’exploitation du bois, en aidant à scier les arbres, à déplacer et à usiner les grumes.

Le saviez-vous? Le bois de construction était essentiel à l’effort de guerre. Il était utilisé pour le revêtement des côtés des tranchées et pour les caillebotis au fond des tranchées ou sur les terrains boueux. Il était également utilisé pour les plates-formes de tir d’artillerie, les traverses de chemin de fer, les caisses de munitions, les baraquements et les ponts.

Le travail de la No. 2 Construction Company a permis aux scieries de produire plus de deux fois plus de bois que les scieries qui ne bénéficiaient pas de ce soutien.

En novembre 1917, un groupe de 50 hommes de la compagnie est envoyé à la No. 37 Company à Péronne, en France, où ils participent à la construction d’une route utilisée pour acheminer le ravitaillement vers le front. Ils continuent ensuite à soutenir les opérations de bûcheronnage.

Un autre groupe de 180 hommes est envoyé dans le nord-ouest de la France, près d’Alençon, pour soutenir les compagnies du district no 1 du Corps forestier canadien. Ils y sont envoyés parce qu’ils croient à tort que les hommes noirs de la Compagnie de construction n° 2, originaires des Caraïbes et des États-Unis, ne peuvent pas supporter le froid des montagnes du Jura.

Les soldats du No. 2 Construction Battalion restés en Angleterre sont rapidement affectés à des bataillons d’infanterie de réserve où ils suivent un entraînement d’infanterie et effectuent des travaux subalternes en attendant d’être appelés à servir à La Joux.

Au total, 67 hommes vinrent renforcer la compagnie à La Joux ; un groupe de 50 hommes arriva en avril et un autre de 17 hommes en juin. La plupart des autres serviront dans des compagnies du Corps forestier canadien en Belgique, en France et au Royaume-Uni.

Avec l’armistice du 11 novembre 1918, le Corps forestier n’est plus nécessaire. Afin de prendre de l’avance sur le rapatriement des soldats au Canada avant le départ prévu des troupes de combat, les compagnies du Corps forestier canadien sont renvoyées en Angleterre.

Les premiers hommes du CFC et de la No. 2 Construction Company commencent leur retour le 2 décembre 1918.

Un groupe important de soldats du bataillon de construction no 2 arrive à Kinmel Park, au pays de Galles, à la fin du mois de décembre, en attendant d’être transporté au Canada. Le 7 janvier 1919, certains hommes sont attaqués par des soldats blancs après que le sergent (noir) du bataillon a tenté d’arrêter un soldat blanc pour insolence.

Les soldats blancs refusent d’accepter le grade et l’autorité du sergent noir, bien qu’ils fassent tous partie du Corps expéditionnaire canadien (CEC).

Afin de rapatrier rapidement les soldats au Canada, les membres du bataillon sont embarqués sur les premiers navires disponibles. Il s’agit notamment du RMS Aquitania, du RMS Empress of Britain et du RMS Olympic.

Lorsque ces navires de transport de troupes arrivent à Halifax en janvier 1919, les soldats de l’extérieur de la Nouvelle-Écosse sont placés dans des trains qui les ramènent dans leur province d’enrôlement.

La majorité des soldats du bataillon reviennent à bord de ces trois navires et sont libérés à la fin du mois de février. Le bataillon a été dissous le 15 septembre 1920 lorsque le quartier général de la milice a dissous le CEF.

Les hommes du 2e bataillon de construction ont montré le dévouement des communautés noires du Canada envers leur pays. Il s’agit de la plus grande unité noire de l’histoire du Canada et elle a joué un rôle essentiel dans les opérations forestières du Corps forestier canadien dans le Jura et à Alençon.

Face au rejet et au racisme, les hommes noirs ont réussi à se faire reconnaître et à jouer un rôle actif dans la guerre. Ce succès démontre que les communautés noires du pays ont une voix politique.

En juillet 1920, une plaque commémorative reconnaissant les pertes du bataillon a été dévoilée à la législature provinciale de Toronto ; elle a été ré-inaugurée en septembre 1926.

En 1920, le capitaine M. Stuart Hunt a compilé Nova Scotia’s Part in the Great War, qui résume les activités de chaque unité levée en Nouvelle-Écosse pendant la Première Guerre mondiale. L’ouvrage comprend un chapitre sur le bataillon de construction no 2.

Cependant, le Bataillon de construction no 2 a été rapidement oublié, car il ne s’agissait pas d’une unité de combat. Le bataillon est resté pratiquement inconnu jusqu’à ce que Calvin Ruck entreprenne des recherches sur le bataillon dans les années 1980. Le gouvernement du Canada a reconnu la création du bataillon comme un événement historique national en 1992, l’année même où Ruck a été nommé au Sénat canadien.

Un monument de granit commémorant le 2e Bataillon de construction a été érigé à Pictou, en Nouvelle-Écosse, en 1993 et a été déclaré lieu historique national.

Postes Canada a émis une enveloppe premier jour et un timbre commémoratif pour le Mois de l’histoire des Noirs en février 2016 en reconnaissance du bataillon.

Le 9 juillet 2022, le Premier ministre Justin Trudeau a présenté des excuses au nom du gouvernement fédéral aux descendants du 2e Bataillon de construction pour le racisme systémique dont les membres du Bataillon ont été victimes.

Lors de la cérémonie à Truro, en Nouvelle-Écosse, il a également annoncé que la Monnaie royale canadienne rendrait hommage au bataillon en émettant une pièce commémorative à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, qui s’est déroulé en février dernier.

Affiche de recrutement pour le 2e Bataillon de construction, avec l’aimable autorisation des archives Esther Clark Wright de l’Université Acadia.

Les officiers du 2e Bataillon de construction sont photographiés en France. Le commandant, le Lcol Daniel Sutherland, est assis à gauche de la première rangée, tandis que l’aumônier de l’unité, le Capitaine honoraire William Andrew White, est au centre de la première rangée. Photo reproduite avec l’aimable autorisation du Lcol DH Sutherland Collection, River John, Nouvelle-Écosse.

L’arrière-grand-père de Ginger Lamoureux, le Cpl Damascus Virgil, avec son fils Owen. Photo fournie par les archives de la famille Lamoureux

Les membres du 2e bataillon de construction en Nouvelle-Écosse avant leur départ pour la France au printemps 1917.

Ginger Lamoureux a découvert des négatifs représentant son grand-père Owen et son arrière-grand-père, le cpl Damascus Virgil. Photo Jules Xavier/Shilo Stag

Le Cpl Damascus Virgil est enterré à Port Arthur, aujourd’hui Thunder Bay (Ontario), après son décès en 1947.

Des soldats dégustent un repas assis dans une tranchée construite par le 2e bataillon de construction à l’aide de bois provenant du Corps forestier canadien.

Pendant l’entraînement, les soldats du 2e Bataillon de construction vivaient dans des tentes en plein air.

Maj Melissa Marshall - Garrison Edmonton Warriors - 2022 Women's Slo-Pitch nationals
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